Frères d'armes
Aujourd'hui il fait beau. Tant mieux. Nous n'aurons pas à combattre dans la boue. Pourtant, j'avais entendu dire par le sergent-major qu'il allait pleuvoir.
Pour la dixième fois, nous allons essayer de nous emparer d'une position allemande située sur une petite colline. Je préfère tout, même l'assaut, à l'attente interminable dans notre tranchée.
Regardant à droite, puis à gauche, je vois mes camarades effectuer les mêmes gestes que les miens. Nous vérifions que la culasse manœuvre correctement, nous nous assurons que les munitions sont à leur place dans les cartouchières. Certains affûtent leur baïonnette. D'autre, debout ou à genou, semblent prier. Qui ? Ou quoi ? Et pourquoi ? Si Dieu existe, il n'est certainement pas allemand, ni britannique. Et encore moins dans cet enfer.
Chassant toutes ces pensées de mon esprit, je fais comme d'habitude. Je m'approche du remblai et me hisse sur la pointe des pieds. J'aime voir le champ de bataille avant l'action. Je repère certaines particularités du terrain et suppute les chances de m'en sortir vivant. Comme d'habitude !
Au loin, à près de huit cents mètres de là, je vois l'objectif. Un petit bastion insignifiant. Oui, si insignifiant. Mais il nous avait déjà coûté plusieurs centaines d'hommes.
Depuis ma position, j'ai deux tranchées à franchir. Les deux cents mètres suivants sont plats et nus. Pour finir, le terrain s'élève doucement sur près de deux cents mètres. Les trois cents derniers sont assez pentus. Bien entendu, d'innombrables cratères, plus ou moins profonds, nous rendront la progression plus difficile, mais ils nous offriront également de nombreuses protections. Je regarde encore une fois mes compagnons d'armes. Combien d'entre eux ne verront jamais le soleil se coucher ce soir ?
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021
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